La cigarette électronique va faire l'objet d'une évaluation

L’engouement récent pour la

cigarette électronique a conduit les autorités sanitaires à annoncer le 5mars une évaluation de ce produit de consommation courante qui suscite de sérieuses réticences chez les tabacologues.

Devant le boom des ventes de cigarettes électroniques, Marisol Touraine a demandé une évaluation de ses bénéfices et de ses risques.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé sur France Info avoir “commandé une enquête“ à ses services sur l’

e-cigarette, utilisée par un nombre croissant de personnes pour arrêter de fumer, aux fins d’une évaluation bénéfices/risques. Dans le même temps, Chantal Jouanno, sénatrice de Paris et ancienne ministre du gouvernement Sarkozy, a demandé au Président de la République François Hollande de se saisir de ce sujet à travers une mission d’information parlementaire.Un accessoire de plus en plus “tendance“On estime à un demi-million le nombre d’adeptes de la cigarette électronique en France, d’après les chiffres fournis par les fabricants. L’ampleur du phénomène reste toutefois difficile à évaluer, car une bonne partie des ventes se fait sur internet et auprès de fournisseurs étrangers.Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la e-cigarette s’est imposée comme une alternative à la cigarette classique dont elle reproduit l’apparence, mais en émettant une vapeur inoffensive pour l’entourage.

Inventé en Chine en 2005, l’appareil présente à son extrémité une diode simulant visuellement la combustion et contient une cartouche dont la solution s’échauffe au contact d’une résistance. Des flacons de “e-liquides“, composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine, permettent de recharger la cartouche usagée.Pas assez de données sur la cigarette électroniqueL’efficacité de la cigarette électronique pour arrêter de fumer tout comme sa nocivité font toutefois l’objet d’un vaste débat chez les tabacologues. Si certains conviennent que la e-cigarette est vraisemblablement moins nocive que la vraie cigarette, la plupart relèvent qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’études à ce stade pour se prononcer.“Nous n’avons pas assez de recul“, reconnaît le Pr Bertrand Dautzenberg, spécialiste du poumon à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, avant de souligner qu’il n’existe actuellement aucune étude sur des patients utilisant le produit depuis plus de six mois. “Ma recommandation est que si vous êtes un gros fumeur, c’est peut-être bien de passer à la cigarette électronique, mais ne l’utilisez pas trop longtemps“ ajoute-t-il.Le Dr Yves Nadjari, cardiologue tabacologue attaché à l’hôpital Cochin à Paris, se montre encore plus réticent : “Si quelqu’un a réussi à arrêter de fumer avec la cigarette électronique c’est bien, mais on déconseille aux gens de mettre un pied dans la cigarette électronique“.“Nous avons très peu de données sur son impact sur la santé à court, moyen et long terme“, renchérit la tabacologue Nadia Lahlou.L’agence du médicament déconseille la cigarette électronique depuis 2011L’agence du médicament (ANSM) recommande elle aussi depuis 2008 de

ne pas utiliser les cigarettes électroniques, soulignant que selon leur concentration en nicotine, elles peuvent être considérées comme des médicaments ou des produits de consommation courante. Mais aucun fabricant n’a à ce jour déposé de demande d’autorisation de mise sur le marché en tant que médicament, relève l’agence. Les cigarettes électroniques ne peuvent pas non plus être vendues en pharmacie, car elles ne figurent pas sur la liste des produits qui peuvent être délivrés par les pharmaciens.“J’ai demandé à mes services de me dire très précisément de quel type de produit il s’agit“, a indiqué Mme Touraine mardi matin. On a depuis appris que l’enquête avait été confiée à l’Office français de prévention du tabagisme. Celui-ci aura pour objectifs de déterminer, à travers l’analyse des études internationales menées sur le sujet, la place éventuelle de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, et si oui, la quantité de nicotine correspondant à cet effet. Par ailleurs, il devra faire le point sur le fait qu’il s’agit ou non d’un produit fumé et, pas conséquence, de son autorisation dans les lieux publics. L’OFT devrait rendre ses travaux en mai. (cf.vidéo ci-dessous vers 8 mn)

Pour le Pr Dautzenberg, il faudrait créer une “catégorie spéciale“ pour les produits autres que le tabac contenant de la nicotine et interdire leur vente aux mineurs. Car la principale crainte des tabacologues interrogés est que la cigarette électronique devienne un produit d’initiation pour les jeunes. Selon une étude récente faite à Paris, 64 % des jeunes de 12 à 14 ans qui avaient essayé la e-cigarette n’avaient encore jamais fumé auparavant, souligne le Pr Dautzenberg.Dès 2008, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait estimé que ces cigarettes ne pouvaient pas être considérées comme une thérapie légitime permettant d’aider les fumeurs à cesser de fumer. Elles sont déjà interdites dans plusieurs pays, dont la Turquie, le Brésil, l’Argentine et Singapour.AFP/Relaxnews
Sources
– Interview de Marisol Touraine sur

France Info, le mardi 5 mars 2013.
– Courrier de Chantal Jouanno au Président de la République, le 5 mars 2013.Crédit photo : Capman Vincent/SIPAIllustration :Copyright ©2011 Caponnetto et al; licensee BioMed Central Ltd.Click Here: United Kingdom Rugby Jerseys