Coronavirus : Pour les entreprises, une rentrée à hauts risques sur le front de l'absentéisme ?

L’absentéisme au travail a beaucoup augmenté en 2020, une tendance qui se poursuit depuis début 2021.Pour cette rentrée, plusieurs paramètres inquiètent les entreprises, sur fond de menace du variant Delta.Plusieurs inconnues pèsent sur la rentrée, entre les salariés refusant la vaccination, ceux devant garder leurs enfants et les séquelles psychologiques des mois écoulés.

Il y a les cas de Covid-19, les deuils à digérer, les burn-out, les retards de diagnostic de cancer… Depuis la crise sanitaire, les arrêts maladie, notamment de longue durée, ont explosé en France. Une étude de Gras Savoye Willis Towers Watson, publiée la semaine dernière, révèle que l’absentéisme des salariés français a augmenté de 20 % en 2020.

« L’absentéisme en entreprise engendre des coûts directs et indirects, comme le maintien de salaire et le financement d’un régime de prévoyance, le recrutement d’un remplaçant mais aussi la baisse de la productivité et la désorganisation rappelle Noémie Marciano, directrice technique chez Gras Savoye​, dans un communiqué. Et il est fort probable que l’absentéisme augmente encore dans les années à venir. »

S’il est difficile d’avoir des chiffres précis pour 2021, les premiers indicateurs montrent que l’absentéisme reste une préoccupation cette année. Alors que beaucoup de salariés vont retrouver leur bureau, les entreprises doivent-elles craindre une rentrée de tous les dangers ? Quatre sujets risquent de faire trembler les RH…

Le pass sanitaire obligatoire : un impact marginal

Depuis ce lundi, tous les salariés en contact avec le public dans les restaurants, cinémas, musées et trains grandes lignes doivent présenter un pass sanitaire pour travailler. Combien, parmi les 1,8 million de ces travailleurs, n’accepteront pas cette obligation ? « Cela ne concerne que certains secteurs, et on a vu que les personnes se mettaient en conformité, rassure Audrey Richard, présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) et DRH du groupe Up. On frôle les 50 millions de Français vaccinés ! Peut-être qu’il y aura quelques arrêts maladie, mais ça ne sera pas la majorité. »

Le retour au bureau : la crainte des contaminations

Mais le gros point d’interrogation concerne le variant Delta. Si les contaminations connaissent une légère diminution ces deux dernières semaines, on tourne autour de 20.000 infections diagnostiquées en moyenne par jour. Avec un retour accru dans les entreprises en présentiel, l’incidence du Covid-19 va-t-elle retrouver des sommets ? Ce serait à nouveau une avalanche de salariés arrêtés du jour au lendemain.

« Pour la reprise, on avait anticipé avant l’été un retour dans des conditions normales dans les bureaux, explique Audrey Richard. Mais beaucoup de DRH ont décidé d’un décalage de quelques semaines. » En clair, une majorité des entreprises adhérentes à l’association garderont le rythme de deux jours de télétravail par semaine. Une position beaucoup plus prudente que celle d’Elisabeth Borne, qui a annoncé ce lundi qu’il n’y aurait plus de jours minimum de télétravail dès mardi.

« Evidemment, les arrêts maladie ont un impact sur l’organisation, car la charge de travail est répercutée sur les collègues, sur des CDD, reprend Audrey Richard. C’est une préoccupation. Mais l’absentéisme semble se réduire [depuis le début de l’année]. Selon les données de l’Assurance maladie, les versements d’indemnités journalières ont diminué de 13,5 % entre janvier et juin 2021 par rapport à 2020. »

Des troubles psy qui augmentent

En 2020, selon une étude de Malakoff Humanis, le nombre de salariés arrêtés pour troubles psychologiques est passé de 9 % début 2020 à 14 % pendant le confinement, puis à 18 % au déconfinement. Une époque révolue, si l’on en croit Audrey Richard, puisque beaucoup de salariés ont retrouvé le chemin du bureau depuis de nombreux mois. « On a eu des remontées sur cette période de 2020 de salariés qui avaient des appréhensions liées au retour en entreprise. Les craintes portaient sur l’application des mesures, le changement du rythme de travail, la reprise du transport en commun. Ce n’est plus d’actualité. Collectivement, on a trouvé une adaptation pour protéger la santé. »

Pourtant, les arrêts maladie pour raison psy sont toujours importants en 2021. « En 2019, environ 15 % des arrêts étaient liées à des raisons psychologiques, souligne Anne-Sophie Godon, de Malakoff Humanis. Entre janvier et avril 2021, on atteindrait 20 %. Or, les arrêts maladies pour raisons psychologiques sont deux fois plus longs que pour les troubles musculo-squelettique. Et le retour à l’emploi de ces salariés est souvent plus compliqué. »

Avec une pandémie qui n’en finit plus, les dépressions et autres problèmes psychologiques de long terme s’accroissent. Nombre de médecins alertent sur les jeunes et moins jeunes qui ont besoin d’accompagnement psy. « Notre enquête 2020 montrait que 10 % des salariés envisageaient de prendre un arrêt maladie, alerte même Anne-Sophie Godon. Et on retrouve les même données en 2021. »

Click Here: nrl all stars jerseyLes arrêts pour garde d’enfant : désorganisation annoncée ?

Enfin, une autre inconnue pourrait modifier l’équation. Selon l’étude de Gras Savoye, ce qui a boosté l’absentéisme au cours des derniers mois, c’est en premier lieu les arrêts maladie pour garde d’enfant ou personne fragile, entre mars et mai 2020. Or, depuis début 2021, le dispositif a évolué : certains parents* peuvent demander une activité partielle plutôt qu’un arrêt maladie pour garder leur progéniture lorsque la classe est fermée.

Mais Bruno Le Maire l’a annoncé : « Le quoi qu’il en coûte, c’est fini. » Est-ce à dire que le dispositif de chômage partiel pour garde d’enfant va s’arrêter ? Contacté, le ministère du Travail assure que, « pour le moment, il n’y a pas de changement ».

Qu’il s’agisse d’un arrêt maladie, de jours enfant malade ou de chômage partiel, la désorganisation menace dans les entreprises en cette rentrée. En effet, dans l’Education nationale, le protocole prévoit toujours la fermeture d’une classe dès le premier cas de Covid-19 en maternelle et primaire. Sachant que ces enfants seront davantage testés (Jean-Michel Blanquer vise en effet 600.000 tests salivaires chaque semaine), qu’ils ne sont pas vaccinés et peu autonomes, les managers n’ont pas fini de jongler avec les plannings…

* Les parents d’enfants en maternelle et primaire dont la classe ferme, qu’ils puissent ou non télétravailler, peuvent demander une activité partielle. Et uniquement ceux qui ne peuvent pas télétravailler quand leurs enfants sont au collège.

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