Mélanome avancé : l’immunothérapie va changer la prise en charge

Le mélanome est un redoutable cancer de la peau, dont le pronostic dépend étroitement de la précocité de son diagnostic. Face aux formes avancées, l’immunothérapie apporte depuis quelques années un nouvel espoir. Pour la première fois, une étude internationale a comparé deux molécules d’immunothérapie et rend son verdict.

Une étude internationale démontre la supériorité de l'immunothérapie Pembrolizumab par rapport à l'Ipilimumab face au mélanome avancé.

L’immunothérapie, nouvel espoir face au mélanomeLe mélanome est un redoutable cancer de la peau, car il peut rapidement se propager dans d’autres organes (métastases). Son pronostic dépend étroitement du stade de détection : le taux de survie à 5 ans passe de 88 % en cas de détection à un stade précoce, à 18 % pour les stades III avancés non résécables, et à moins de 5 % pour les mélanomes de stade IV (stade métastatique, forme la plus grave). Ce cancer est, en France, l’un des cancers dont le nombre a considérablement augmenté durant ces 30 dernières années : près de 10 000 nouveaux cas apparaissent chaque année avec environ 1 600  décès des suites d’une forme métastatique.Face à ce terrible cancer, une nouvelle voie de recherche donne depuis plusieurs années des résultats encourageants : l’immunothérapie. Dans ce domaine, l’immunomodulation anti-tumorale est la stratégie qui est aujourd’hui la plus prometteuse. En schématisant, la cellule tumorale est capable d’échapper à la vigilance du système immunitaire notamment en inhibant l’activation des lymphocytes T (soldats de l’immunité). De nouvelles immunothérapies anticancéreuses peuvent aujourd’hui cibler ces modulateurs-clés de l’immunité (on parle aussi de “checkpoints immunologiques“) et ainsi “déverrouiller“ le système immunitaire qui peut alors se mobiliser contre les cellules tumorales. Aujourd’hui, deux catégories de médicaments sont principalement étudiées : les anti-CTLA-4 et les anti-PD-1/anti-PD-L1.Pembrolizumab est plus efficace que l’IpilimumabParmi les nouvelles armes, deux composés apparaissent prometteurs :

l’ipilimumab, première immunothérapie ayant démontré son efficacité chez les patients atteints de mélanome avancé (et commercialisé sous le nom Yervoy ®), et le

pembrolizumab. Ces deux molécules avaient fait la Une du dernier congrès américain sur le cancer (ASCO 2014) via

plusieurs études dont nous nous étions fait l’écho. L’ipilimumab sur le récepteur CTLA-4 et le pembrolizumab sur le récepteur PD-1.Aujourd’hui et pour la première fois, une vaste étude internationale compare l’effet de ces deux immunothérapies sur le mélanome métastatique.Recrutés dans 16 pays, 834 patients présentant un mélanome avancé (stade III ou IV non opérable) ont été inclus dans cette étude internationale. 66% n’avaient reçu aucun traitement et 79% présentaient une tumeur qui exprimait PD-L1. Ils ont été répartis de manière aléatoire en 3 groupes : pembrolizumab à deux dosages et ipilimumab. Les résultats démontrent que :

  • Après 6 mois, le taux de survie sans progression (période durant laquelle la maladie est en rémission) était autour de 46 % pour les patients traités par le pembrolizumab contre 26% pour ceux traités par l’ipilimumab.
  • Après 6 mois, le taux de survie globale de 87 % pour le pembrolizumab contre 75 % pour l’ipilimumab.
  • Après 6 mois, le taux de réponse global (témoignant d’un rétrécissement de la tumeur) de 33 % pour le pembrolizumab contre 12 % pour l’ipilimumab.
  • Après un an de traitement, le taux de survie globale était de 74 % et 68 % pour les deux dosages de pembrolizumab contre 58 % pour l’ipilimumab, indépendamment du fait que la tumeur exprimait ou non PD-L1.
  • Le nombre d’effets secondaires potentiellement sévères observés étaient aussi en faveur du pembrolizumab avec 12% contre 20% pour l’ipilimumab.

En résumé, ces données montrent que le pembrolizumab est plus efficace en termes de survie sans progression et de survie globale des patients et est également moins toxique que l’ipilimumab.Vers un changement de la prise en charge du mélanome avancéPour le Dr Caroline Robert, dermato-oncologue et chef du service de Dermatologie à Gustave Roussy, premier auteur de la publication “Cela fait de nombreuses années qu’on tente d’utiliser le système immunitaire pour combattre un cancer. Aujourd’hui, nous avons la preuve que cette approche peut vraiment aider les patients et ce nouveau médicament, plus efficace et moins toxique que le premier, vient élargir la gamme de traitement efficace. Cette étude va faire changer la prise en charge de ce cancer, et va de plus être utile pour traiter d’autres cancers“.Actuellement, l’ipilimumab est le seul traitement d’immunothérapie autorisé pour soigner le mélanome avancé. Autorisé aux Etats-Unis, le

pembrolizumab, qui ne bénéficie pas encore d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. Il peut être utilisé en seconde intention, dans le cadre d’un

usage compassionnel (ATU de cohorte), après échec d’un traitement à l’ipilimumab.Le 24 avril 2015, l’agence européenne du médicament a approuvé la mise sur le marché d’une nouvelle immunothérapie contre le mélanome, un anti-PD1 appelé

nivolumab et commercialisé sous le nom de Opdivo. Il fait actuellement

l’objet d’une ATU de cohorte pour les mêmes indications que le pembrolizumab.David Bême Sources : Pembrolizumab versus Ipilimumab in Advanced Melanoma – Caroline Robert et al. – NEJM publié en ligne le 16 avril 2015 (

étude accessible en ligne)Communiqué de Gustave Roussy – 19 avril 2015Click Here: gold coast suns 2019 guernsey