On vous bassine souvent avec les questions d’intégration à chaque fois qu’un petit nouveau pointe le bout de son pied en équipe de France. Est-ce que les cadres l’ont bien accueilli ? Est-ce que tout le monde a été gentil avec lui ? On en passe et des plus clichés. Mais vous reconnaîtrez pour une fois qu’avec le grand retour de Karim Benzema en Bleu, la question mérite d’être posée. Alors que la plupart des joueurs retrouvent mercredi un lieu et un contexte qu’ils connaissent bien, le Madrilène, lui, a du retard à rattraper et une place à trouver dans ce collectif qui ne compte pas moins de 15 champions du monde.
Ces dernières années, Didier Deschamps n’était d’ailleurs pas le dernier à agiter le torchon « incompatibilité d’humeur » au moment d’expliquer la non-sélection de l’ancien lyonnais, au nom du sacro-saint équilibre de la vie sociale du groupe. Alors, avant même de parler de jeu et de schémas tactiques, on s’est demandé dans quelle mesure le retour du maestro allait influer sur la vie des Bleus.
La Benz, un joueur « respecté » par tout le vestiaire
Pote de Benzema depuis leurs années lyonnaises, Frédéric Piquionne s’est presque étouffé quand on lui a soumis l’angle de notre article. « Je ne comprends même pas que des gens puissent se poser ce genre de questions ! L’intégration de Karim va se faire de la manière la plus naturelle possible parce que c’est Karim, c’est un joueur incroyablement humble, qui a conscience que l’équipe de France a vécu et gagné sans lui et qu’il ne vient pas pour faire de l’ombre aux autres mais pour apporter sa pierre à l’édifice. »
C’est d’ailleurs ce qui transpire de bout en bout de l’interview qu’il a accordée à nos confrères de L’Equipe mardi, notamment quand il évoque le numéro 10 qu’il portait à l’époque et qui est aujourd’hui chasse gardée de Mbappé. « L’humilité, il faut tout le temps l’avoir, maillot ou pas maillot, débutant ou ancien, grand joueur ou petit joueur, toujours, raconte Benzema. Ça fait partie de moi. Oui, j’avais un numéro avant, mais des joueurs sont venus et ont eu ce numéro-là. Je ne me sentais pas de revenir et de dire “donne-moi ton numéro”, non, surtout pas ». « Il est tellement heureux de revenir qu’il aurait joué avec n’importe quel numéro ! », rigole Piquionne.
Plus qu’un sticker collé dans le dos, ce qui va faire que ça va marcher ou non, c’est son entente avec les autres internationaux, sa capacité à vite se fondre dans le collectif. Or, de ce qu’on en a vu au travers les déclas de Mbappé, Coman, Tolisso ou Mandanda après l’annonce de la liste des 26, c’est que tout le monde apprécie son retour.
KB x KM 🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥 pic.twitter.com/72smmr87f2
— Kylian Mbappé (@KMbappe) May 18, 2021
« Benzema ce n’est pas n’importe qui, embraye l’ancien coach de Clermont Régis Brouard. Il est respecté par tout le monde pour ses performances. Quand il arrive dans les vestiaires, c’est pas un petit nouveau que les cadres pourraient regarder de travers, non, on parle de Karim Benzema ! Il n’y a même pas de débat. Je pense qu’il va immédiatement trouver sa place dans les vestiaires et qu’il sera accueilli à bras ouverts. »
« Les joueurs savent se jauger, se comparer »
« Il y a une chose qu’il faut bien comprendre avec ces joueurs-là, avec les internationaux des grandes nations, poursuit Brouard, c’est qu’ils ne veulent rien d’autre que gagner. Or ils ne sont pas bêtes, quand ils voient le niveau de Benzema cette saison, ils comprennent qu’ils ont plus de chance de le faire avec lui que sans lui. » Voilà pourquoi il ne croit pas un mot quand Deschamps explique n’avoir sondé aucun de ses joueurs sur un possible come-back du fils prodige.
« Il entretient de vrais liens de proximité et de confiance avec ses cadres depuis des années, c’est impossible qu’il ne leur en ait pas au moins touché un mot. Pas tant pour avoir leur avis, mais disons au moins pour prendre la température. Et à partir du moment où ses cadres ont donné l’impression d’être favorables à son retour, je pense que la question de son intégration ne va absolument pas poser des problèmes. »
Même avec le pilote de kart’ Olivier Giroud ? « Bien sûr !, répond la Formule 1 madrilène dans L’Equipe. Je l’ai vu lors du match face à Chelsea, on a parlé, tranquille. Il m’a félicité pour mon but, c’était bon esprit ». Adjoint de l’équipe de France pendant une bonne vingtaine d’années, Henri Emile connaît très bien les deux hommes. Pour lui, aucune chance que ça parte en vrille.
« Vous savez, entre eux, les joueurs savent se jauger, se comparer, ils savent qui est meilleur et donc qui va débuter et qui peut apporter sa pierre en cours de match, décortique-t-il. Olivier [Giroud] a conscience qu’il a une chance phénoménale d’être de la partie alors qu’il joue très peu avec son club et qu’il prend de l’âge. Ce n’est donc pas quelqu’un qui va poser problème dans ce groupe. Il est suffisamment intelligent pour trouver lui-même sa nouvelle place. »
Pour Benzema, le collectif passe avant tout
Au fond, se poser la question de l’adaptation de Benzema au sein de cette équipe de France revient à admettre qu’il y a quelque chose, dans le caractère même du joueur, qui peut poser problème dans un groupe. Ce que sa carrière irréprochable au Real Madrid, où il est de plus en plus souvent capitaine, semble démentir. Fred Piquionne : « Les gens ont parfois une mauvaise image de Karim, mais dans un groupe, ce garçon-là n’a jamais posé le moindre problème à qui que ce soit. Il suffit de voir ce que les grands coachs et les grands joueurs disent de lui. »
Ou les grands adjoints. Henri Emile : « On parle souvent de l’image que dégage Karim, mais pour bien le connaître, je peux vous assurer que c’est quelqu’un de charmant, de très attachant, avec qui on prend plaisir à parler et qu’on a tout de suite envie de prendre sous sa coupe. Il y a beaucoup, beaucoup d’affectif dans son comportement et c’est une chose que les gens de l’extérieur ne peuvent pas ressentir en le voyant derrière une caméra. L’homme est très agréable et très facile à vivre. »
Surtout, plus que la plupart des grands attaquants de son espèce, le Benzema que nous décrivent ceux qui le connaissent est un joueur éminemment focalisé sur la performance collective de son équipe. Ça se voit dans sa manière de jouer. « C’en est presque un peu dommage parfois en termes d’efficacité, parce qu’un attaquant de pointe se doit d’une certaine manière d’être un peu égoïste, mais pas Karim, non, note Henri Emile. Lui, parallèlement à toute cette maîtrise qu’il a dans la finition, il pense toujours à regarder si un joueur n’est pas mieux placé que lui pour finir le travail. Et il est dans la vie comme il est sur le terrain, il pense d’abord au collectif. » C’est une affaire qui roule dans ce cas.
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