Autisme : Vers la fin du dogme psychanalytique ?

Alors que l’autisme a été déclaré Grande Cause Nationale 2012, le débat sur les méthodes de prise en charge des jeunes autistes est loin d’être clos. D’après Libération, la Haute Autorité de Santé désavouerait les pratiques psychanalytiques dans un rapport publié en mars prochain (mais que le quotidien a réussi à se procurer).

D'après Libération, la HAS désavouerait les méthodes psychanalytiques pour prendre en charge l'autisme.

Prise en charge : la psychanalyse règne dans l’HexagoneEn France, les adeptes de la méthode psychanalytique, pour qui cette maladie n’a qu’une origine psychologique, s’opposent aux psychiatres, psychologue et médecins qui prônent une prise en charge avec des méthodes éducatives et comportementales. En dépit des nombreuses controverses et autres débats, ce sont toujours les tenants de la psychanalyse qui prédominent.Peut-être plus pour très longtemps… Dans un article paru dans l’édition du 13 février, le quotidien Libération  explique avoir réussi à se procurer le rapport de la HAS sur les recommandations de bonnes pratiques dans la prise en charge de l’

autisme. Et le journaliste de citer une petite phrase du rapport, qui, en dit long… “L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle“. Autrement dit, la HAS désavouerait les méthodes psychanalytiques. Mais il faut garder à l’esprit que ce ne sont que des recommandations de bonnes pratiques, qui n’ont pas vocation à interdire ou obliger telle ou telle prise en charge.Néanmoins, l’information reste à confirmer puisque le rapport ne sera disponible que le 6 mars. D’ailleurs, la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) se sont exprimées dans un communiqué, regrettant que “les phrases citées se révèlent hors contexte ou inexactes au regard de la version actuelle du document“.Une proposition de loi contre les méthodes psychanalytiques En attendant la publication définitive du rapport de la HAS “Autisme : quelles interventions proposer à l’enfant et l’adolescent ?“ en mars prochain, le débat “psychanalyse VS méthodes comportementales et éducatives“ est d’ores et déjà ouvert. C’est le député Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais et président du groupe d’études parlementaire sur l’autisme, qui, le premier, a mis les pieds dans le plat en janvier dernier. En effet, le député a déposé une proposition de loi visant  à l’arrêt des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes : “La psychanalyse ne figure dans aucune recommandation nationale ou internationale et la communauté scientifique internationale est unanime pour déconseiller l’utilisation, dans les guides de bonne pratique, des prises en charge d’inspiration psychanalytique. (…) J’ai donc estimé qu’il était de mon devoir de la faire interdire, sous toutes ses formes, dans le traitement de l’autisme, au profit de traitements opérants, les méthodes éducatives et comportementales en particulier“. Sa décision, “mûrement réfléchie“ a été notamment motivée par le

bilan des 1ères Rencontres Parlementaires  où l’unanimité qui “semblait régner parmi les diverses parties prenantes (chercheurs et professionnels de santé, représentants politiques, associations de familles…)“ a fini de le convaincre.   Le Mur, censuré ?En effet, les témoignages d’associations, médecins, parents et élus présents allaient tous dans le même sens, à savoir en finir avec l’emprise de la psychanalyse dans le traitement de l’autisme. Non seulement car ces pratiques sont inadaptées pour l’enfant mais aussi parce qu’elles sont à l’origine de culpabilisation inutile des parents : en effet, cette école de pensée met en cause les parents et notamment les mères, en les déclarant en (grande) partie responsables des troubles de l’enfant. Les tenants de la psychanalyse décrivent  l’autisme comme un problème psychique dû à de mauvaises relations familiales.Autre polémique en date : l’interdiction du film “Le Mur“ réalisé par Sophie Robert. Au travers de divers témoignages, la réalisatrice a cherché à illustrer l’inadaptation du discours psychanalytique dans le traitement de l’autisme. Mais trois des psychanalystes interrogés dans ce film ont porté plainte,  estimant que ce documentaire porte atteinte à leur réputation et que leurs propos ont été déformés. Au final,

le Tribunal de Grand Instance de Lille leur a donné raison et  le film a du être retiré de la vente et du site internet d’Autisme sans Frontières. Actuellement, l’

autisme touche 600 000 personnes en France. Et d’après les experts, sa prévalence ne cesse d’augmenter. Gageons que le label Grande cause nationale permettra d’améliorer sa prise en charge.Yamina SaïdjSources : Premières rencontres parlementaires sur l’autisme, 12 janvier 2012 – Communiqué de presse “Proposition de loi visant l’interdiction des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales, et la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes“,  Daniel Fasquelle.Click Here: State of Origin Jerseys