Pour prévenir ou retarder l’apparition de cancers, pas d’aliment miracle, mais des habitudes alimentaires équilibrées, dans la durée, estiment des chercheurs réunis à Paris à l’occasion du congrès Eurocancer. Une table ronde sur le thème “Nutrition et cancer“ animée par le Pr Philippe Bougnoux, cancérologue au CHU de Tours, a permis de faire le point sur ce thème.
Prévention du cancer : pas d'aliment miracle mais plutôt le maintien d'un bon équilibre alimentaire dans le temps.
Cancer et alimentation : gare aux effets d’annonce !Sushi, thé, café… De nombreux articles ont mis l’accent sur des faits anecdotiques, suscitant parfois des espoirs inappropriés. “Il y a eu beaucoup d’effets d’annonces et beaucoup d’études peu sérieuses, ce qui ne facilite pas les choses“, reconnaît le professeur Bougnoux, cancérologue au CHU de Tours, qui participe aux travaux de l’unité Inserm “Nutrition, croissance et cancer“. “Il ne s’agit pas de manger du brocoli ou du poisson mais d’acquérir des habitudes alimentaires équilibrées“.Pour étayer la complexité du dossier, le Pr Bougnoux cite le cas des escargots, pendant un temps présentés comme protégeant du cancer. Mais si la chair des premiers escargots testés, venus de Crète, était riche en composants protecteurs, ce n’était plus le cas avec les escargots polonais arrivés par la suite sur le marché. Même chose pour les poissons d’élevage qui perdent leur richesse en acides gras polyinsaturés considérés comme protecteurs car ils n’ont plus accès au phytoplancton, leur nourriture naturelle.Selon le cancérologue, la part nutritionnelle du risque de cancer a une valeur comprise entre 25 et 40 %, même s’il rappelle que l’alimentation “ne donne pas le cancer car ce sont des mutations génétiques qui sont en cause“. Le rôle de l’alimentation a cependant fait l’objet de grandes études épidémiologiques qui n’ont pas mis à jour les mécanismes en cause mais ont pu identifier des facteurs de risque et de protection.Une alimentation de type méditerranéen, avec une balance énergétique équilibréeL’étude de cohorte EPIC est la plus grande réalisée à ce jour en Europe avec 500 000 hommes et femmes de 10 pays d’Europe. Elle a permis d’identifier des profils alimentaires augmentant le risque de cancer, d’étudier ce qui n’est pas spécifique de l’alimentation, de ce qui est lié aux dépenses énergétiques. Elle a également mis en lumière l’importance des aspects culturels : les repas déstructurés favorisent le
surpoids et l’obésité, des facteurs pouvant influer sur le risque de cancer. En conclusion, trois facteurs de protection et de cinq facteurs d’augmentation de risque ont été identifiés.Au chapitre de la protection figurent l’exercice physique (au moins une demi-heure par jour) qui diminue les risques de
cancer du côlon et du
sein, les
fruits et légumes qui pourraient agir sur les cancers de la bouche et de l’estomac, et l’
allaitement qui réduit le risque de
cancer du sein.Le risque est en revanche accru avec les boissons alcoolisées (risque de cancer digestif augmentant avec la quantité ingérée), l’obésité (risque de cancer du sein, de l’endomètre, du côlon et du pancréas), l’excès de consommation de charcuterie et de
viande rouge (+500 g par semaine), le
sel et les aliments salés et les compléments à base de bêta carotène.En attendant des études plus poussées, le Pr Bougnoux préconise une “alimentation de type méditerranéen, avec une balance énergétique équilibrée“, qui évite les suppléments alimentaires. Les antioxydants tout comme les
oméga 3 sont utiles à dose nutritionnelle, mais pas en gélules, ajoute-t-il, citant des données expérimentales faisant apparaître des effets néfastes en cas de surdose. Les mêmes recommandations s’appliquent aux malades pour éviter ou retarder une éventuelle récidive.Selon Paule Latino-Martel, directrice de recherche à l’unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l’Inserm, chaque Français ingère environ 30 tonnes d’aliments et 50 000 litres de boissons au cours de sa vie. “Un tiers des cancers les plus communs pourraient être réduits“, estime-t-elle, si on appliquait les recommandations édictées en 2009 pour la population française.David BêmeSources :Conférence de presse Eurocancer – juin 2012AFP/RelaxnewsClick Here: NRL Telstra Premiership